Merci à Fabrice Liut de Archipel Kyosei de nous avoir signalé ce document publié très récemment : ceux qui se tiennent au courant des sujets ‘sustainability, RSE, DD, transitions …’ connaissent sans doute déjà la théorie du Doughnut, proposée par Kate Raworth dans son livre « La Théorie du Donut, l’économie de demain en 7 principes » pour mettre en évidence les limites entre lesquelles l’économie doit se tenir : subvenir aux besoins de l’humanité et respecter l’environnement. En voici la représentation, largement diffusée :
Ce concept est dorénavant utilisé pour proposer aux entreprises un cadre de réflexion stratégique, présenté dans l’artice « What Doughnut Economics means for business: creating enterprises that are regenerative and distributive by design » (Ce que l’économie du Doughnut signifie pour les affaires : créer des entreprises régénératives et distributives par leur conception), signé par des chercheurs du Doughnut Economics Action Lab (DEAL) et du Centre for Economic Transformation (CET) de la Amsterdam University of Applied Science.
Magnifique illustration pédagogique de la ‘double contrainte’ à laquelle est confrontée l’économie du XXIe siècle, il restait à rendre ce concept ‘économique’ actionnable pour les décideurs en entreprise.
Les auteurs reconnaissent que « Doughnut Economics is, of course, far from the only initiative calling for business transformation. Many other initiatives and approaches are already underway, with many different points of focus... » : bien d’autres initiatives sont en cours.
« … but, …, the transformative change required will only be achieved by also transforming the deep design of business itself » Mais tout cela requiert de changer fondamentalement la conception des affaires :
- passer de ‘dégénératif’ (Take > Make > Use > Lose) à ‘régénératif’ (regenerate biological material + restore technical materials)
- passer de ‘divisive‘ (capturer opportunité et valeur vers peu de mains) à ‘distributive‘ (partager opportunité et valeur avec ceux qui l’ont co-créée)
Pour déployer ces concepts en entreprise, les auteurs se basent sur une autre approche complémentaire, les « 5 couches de conception d’entreprise » de Marjorie Kelly : « Purpose, Networks, Governance, Ownership, and Finance » (Raison d’être, Réseaux, Gouvernance, Propriété et Finance).
Kelly, M. (2012). Owning our future: The emerging ownership revolution. Berrett-Koehler Publishers: Oakland. 13. Kelly, M. (2013). The architecture of enterprise: Redesigning ownership for a great transition. The Good Society, 22(1), 61-73
Nous y retrouvons avec plaisir et sans surprise les concepts Valeur(s) issus de la vision système de l’entreprise : la finalité de l’entreprise, ses relations avec les parties prenantes – dont l’environnement et les membres délaissés de la société , leur intégration dans les décisions et la répartition de la ‘valeur’ entre elles.
Dommage, il manque la mise en évidence des attentes des parties prenantes autres que l’argent et le pouvoir … et des outils pour le déploiement de cette logique dans chaque entité et décision …
Des outils sont d’ailleurs proposés par le DEAL « Doughnut Design for Business » propose un atelier de 4 heures pour reconcevoir une entreprise : ambitieux ! Basé sur une facilitation (classique pour tout consultant ou coach) de l’intelligence collective des acteurs de l’entreprise autour des « 5 couches », de créativité pour de nouvelles orientations et de repérage des barrières et accélérateurs de leur mise en oeuvre.
« A l’américaine » les auteurs proposent des canevas, post-its de couleurs, exemples inspirants, tableaux partagés sur Miro … yapuka !
Mon sentiment : le concept du ‘doughnut’ est génial pour la prise de conscience, les « 5 couches » sont une proposition ‘classique’ de déploiement par l’intelligence collective, le tout peut être très largement amélioré en recourant à la démarche Valeur(s), en intégrant à la modélisation système de l’entreprise les critères du ‘doughnut’ : les 9 limites planétaires pour expliciter les performances environnementales et les 12 ressources clés pour les performances sociétales (elles ne sont d’ailleurs pas indépendantes : il serait plus pertinent de modéliser les flux et cycles que de lister des items … à suivre).
Encore une nouvelle approche Valeur(s), à ajouter à la longue liste des méthodes qui surfent la même vague pour une économie qui fait du bien à tous 🙂 Encore des synergies à créer avec des gens intelligents et bienveillants !