Une récente rencontre avec des consultants de la CEGOS* a été pour moi l’occasion de découvrir un auteur qui a marqué l’histoire de la pensée systémique : Jacques Mélèse.
En lisant les notes de lecture de chercheurs consacrées à l’ouvrage « L’Analyse Modulaire des Systèmes de Gestion A.M.S. » publié en 1972 ou « Analyse systémique des organisations. Vers l’entreprise à complexité humaine » publié aux Ed° d’Organisation en 1979 (plus disponibles), je me rends compte que les travaux de Valeur(s) & Management recoupent beaucoup les siens :
- Pour modéliser une entreprise, « il n’y a pas de « voie royale » valable pour tous les cas : il faut élaborer une série de représentations de l’organisation, dans son environnement. Certaines de ces représentations doivent être globales, d’autres spécialisées et locales, certaines deviennent le support de modèles de simulation et d’évaluation, d’autres restent qualitatives. »
- « L’application des concepts de base de la cybernétique et de l’automatique aux activités industrielles, puis tertiaires génère l’idée d’un langage d’analyse uniforme [NdA : la modélisation du système], applicable à toute échelle de « zoom » de l’analyste, et qui forme un esperanto d’entreprise, sans donner de rente de situation à une caste contre une autre, et qui soit juste assez puissant pour décrire tous ceux des phénomènes qui soient assez importants pour mériter une communication interprofessionnelle et intercaste. »
- Pour la stratégie, « l’entreprise ou l’organisation est insérée dans un environnement complexe et mouvant, elle est traversée par de grandes logiques souvent contradictoires avec lesquelles elle est obligée de composer. L’approche systémique permet de proposer des représentations du système organisation-environnement, qui se substituant à la réalité, vont fortement conditionner les plans et les stratégies élaborées par l’organisation. «
- Pour les systèmes d’information, « le fait d’ avoir négligé l’information qualitative et informelle a conduit à bâtir des systèmes de données, démarche qui reste basée sur la vision de l’entreprise comme un automate. Au delà des besoins d’ informations pertinentes pour la réalisation de leurs tâches, les hommes ont aussi des désirs d’informations qui ne sont pas forcément rationnels mais qui « sont propres à l’être sociabilisé en relation permanente avec de multiples environnements mouvants ».
- « Le processus d’ apprentissage est essentiel pour la viabilité d’une organisation, l’auteur se pose la question des conditions favorables à l’émergence de ces processus. Pour lui « l’approche systémique est fondée sur un principe d’ apprentissage ». Cependant devant la crainte de ne pas maîtriser la dynamique de ce processus, les responsables des organisations font appel à des experts chargés de procéder à toutes sortes d’analyses sans expliciter les représentations qui sous-tendent ces analyses. »
Au moment donc où Jean-Louis Le Moigne publiait la « Théorie du système général« , Jacques Mélèse appliquait la systémique aux organisations. Mais son outillage ne lui a pas permis d’intégrer dans les modèles les comportements humains … et la systémique n’a pas rencontré le succés opérationnel qu’elle mérite.
Travaillons avec ses successeurs à ce nouveau challenge : appliquer la systémique à travers le Management Valeur(s) !
*Pascal Le Joncour et Emmanuel Chennevier, responsables de l’offre de formation en Innovation et Management de projet, et Pascal Hérard, co-auteur de l’ouvrage « Management : concepts et meilleures pratiques » déjà décrit dans ces pages.
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