« Je cherche à comprendre » par Joël de Rosnay

Joël de Rosnay nous livre dans son dernier livre « Je cherche à comprendre : les codes cachés de la nature »  un ‘testament intellectuel’, voire ‘spirituel’ ! Toujours en avance de 30 ans sur le reste du monde, depuis le Macroscope dans les années ’70 où il vantait déjà l’approche systémique et l’analyse de la Valeur.

A partir du repérage des ‘codes’ que la nature semble mettre en place à chaque échelle, et des interrelations entre éléments qui permettent à de nouvelles propriétés d’émerger lors de collaborations entre ces éléments, il trouve un ‘sens’ (signification) à la nature et un ‘sens’ (direction) à l’évolution !

Prophète visionnaire, il envisage la prochaine étape de l’évolution de la vie, où l’homme deviendrait ‘plus humain’ en étant ‘plus qu’humain’, par un symbiose déjà présente (!) entre les hommes, rendue possible par les technologies de communication, et qui sera complétée par la robotique … Un ‘hyperhumanisme‘ plutôt qu’un ‘transhumanisme’ où l’humanisme risque de se perdre.

Après avoir retracé cette évolution, l’auteur conclut par une étonnante (pas pour moi) quête spirituelle : « Au fil de la rédaction de ce livre, j’ai fait une découverte à la fois personnelle et globale : l’unité de la nature est non seulement un mystère qui interroge le scientifique que je suis, mais aussi un ordre caché impossible à appréhender dans sa totalité. » Après avoir cité Pythagore, Fibonacci, Turing, … et Elon Musk, il convoque Spinoza, Einstein et Teilhard de Chardin pour ébaucher une spiritualité ‘laïque’ et ouverte.

Je suis très heureux que ce ‘maître à penser’ reconnaisse la réconciliation entre science et conscience que permet la  systémique ! C’est exactement ma conclusion dans le livre « A quoi ça sert ? » : « N’est-il pas étonnant que la science et la spiritualité nous ramènent à la même chose ? »

J’ajouterai un point amusant (pour moi 😉 : Joël de Rosnay ne cite pas d’autres exemples déjà existants de collaboration entre humains qui dégage des propriétés émergentes ! Les entreprises, comme d’autres formes d’organisations sociales, ne sont-elles pas déjà des ‘collectifs d’humains’ où -comme les cellules d’un organe dans un corps- chacun perd de sa liberté en se spécialisant, pour permettre au collectif de faire des choses qu’il ne peut pas faire seul (propriété émergente ?) et gagne en retour des choses qu’il ne pourrait pas obtenir seul (argent, statut social, etc.). On y retrouve d’ailleurs ce nouveau ‘réseau’ digital que Joël de Rosnay voit comme le support de l’hyperhumanisme. Mais il est vrai que ces associations humaines ne sont que partielles et momentanées, un peu comme certaines association temporaires d’unicellulaires en ‘kystes’ pour faire face à des conditions difficiles, avant que la nature n’invente de vrais ‘multicellulaires’ où les cellules sont -presque toutes- mobilisées à plein temps dans ce tout qui les dépasse.

Et si le raisonnement Valeur(s) pouvait contribuer à piloter cette évolution, ou au moins de la ‘surfer’ (clin d’oeil au maître),  plutôt que de la subir ?!

Un commentaire


  1. Merci Olaf pour cet éclairage. Il me semble avoir lu quelque chose de semblable il y a longtemps dans les écrits de Jean Rostand.
    Amicalement

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