Bravo à Guillaume Villon de Benveniste, animateur de « the Innovation and Strategy blog » pour son nouvel article « Scénarios d’usage pour réussir l’internet des objets » !
Philippe Savary et Régis Martin, co-fondateurs de Wildnode, y plaident pour l’utilisation des scénarios d’usage, qui permettent de sortir des solutions pour remonter au besoin ds utilisateurs, et innover ! La question qui reste est de déterminer les vrais besoins … Les auteurs soulignent en effet que « ce que veut le consommateur, c’est un réfrigérateur qui fonctionne » et en tirent l’intérêt d’un appareil simple à réparer où » Idéalement, il faudrait appuyer sur un bouton pour que le réfrigérateur se remette à marcher » , sinon « pour une prise de rendez-vous instantanée » : vraiment ?!
Pas d’accord : un réfrigérateur, à quoi ça sert ? Le vrai besoin du consommateur est plutôt de préserver de la t° extérieure la fraicheur des aliments périssables stockés, pour assurer leur conservation, non ? D’ailleurs différents produits requièrent des conditions différentes de t°, et aussi d’humidité (défaut récurrent des frigos), et une partie du réfrigérateur sert aussi aux produits congelés. Et que d’autres besoins sont couverts par le réfrigérateur : mettre certains produits à t° de consommation (boissons) ou de conservation (congélation), préserver certains aliments des odeurs des autres …
Ce détail d’analyse du vrai besoin (à compléter, bien sûr!) peut paraître saugrenu, mais ouvre à bien d’autres innovations pour la conception d’un réfrigérateur connecté (çàd. qui communiquerait avec les étiquettes des produits présents et un SI extérieur) : gérer des zones de t° différentes selon le produit, et variables dans le temps pour démarrer la préparation d’un repas (décongélation)… ?
Et assurons-nous auprès des clients que ces innovations -même différentiantes- sont vraiment utiles ! Combien de possesseurs de fours programmables (exemple cité par les auteurs) ont jamais utilisé la programmation ? Faut-il vraiment leur vendre ? Ces décisions de Marketing peuvent être orientées par la stratégie de l’entreprise : si elle veut être « responsable » aux yeux de ses clients, elle visera la limitation de consommation énergétique et de déchets, plutôt qu’une apparente sophistication coûteuse à l’achat et la réparation (ou l’obsolescence programmée …).
Certains fournisseurs ne mettront pas longtemps à utiliser le flux d’infos à d’autres fins : faire gérer les approvisionnements par des livraisons directement gérées par le distributeur (dont vous devenez client captif), qui s’empressera de vous faire des propositions de promotions pour le dîner de ce soir … Certains y verront un progrès ? D’autres trouvent que l’invasion de nos vies par la pub ferait bien de s’arrêter devant le frigo, avant de débarquer dans la salle de bains ?
Et assurons-nous que l’ensemble des éléments nécessaires pour rendre le service seront disponibles : si certains aliments ne sont pas répertoriables (RFID ou autre connexion spécifique), l’état sanitaire de l’ensemble est mis en péril ! Quid des aliments préparés remis au frigo, etc.
Ne parlons pas de la contradiction de la proposition : le consommateur a-t-il besoin un appareil simplifié pour ne pas tomber en panne, ou d’un appareil sophistiqué pour faire venir vite le mainteneur ?…
Attention aux sirènes et autres lettres au Père Noël dans l’élaboration intelligente de scénarios d’usage !!! Utilisons pour les élaborer les méthodes Valeur(s), qui ont fait leur preuve pour la conception optimale de produits et services et de processus : répondre aux vrais besoins des utilisateurs (et autre parties prenantes telles que les mainteneurs) avec les ressources nécessaires et suffisantes.