Notre confrère Jean Prévost profite de la rentrée pour nous faire suivre un article « Au travail ! » bien intéressant sur l’innovation et le design : la collaboration entre l’Ecole Bleue et Steelcase sur la conception de mobiliers de bureau innovants.
Mais j’ai été stupéfait dès les premières lignes de l’article original :
« Comment est né le projet « Au Travail », quel en était l’objectif ?
Nous étions intéressés par le regard d’étudiants, n’ayant pas encore connu le marché du travail, et bénéficiant de ce fait d’une vraie fraîcheur sur ce sujet. …
… Pour la mise en place du projet, nous avons dans un premier temps reçu les étudiants pour leur présenter les enjeux et les innovations sur l’espace de travail. … »
Donc, l’Ecole Bleue apprend aux designers à concevoir SANS CONNAITRE LES BESOINS, sans contact direct avec les utilisateurs potentiels (on suppose qu’ils en sont représentatifs ?) ?!
Voilà bien la dérive possible du « design thinking », comme l’était celle des ingénieurs isolés dans leurs technologies : innover sans connaître le vrai besoin … Evidemment cela ouvre la créativité, mais n’assure évidemment pas l’utilité des idées ?
Il va vraiment falloir faire découvrir aux designers les démarches Valeur(s) et la question, qui tue « à quoi ça sert ? » !!!
Autre étonnement du sponsor Steelcase : « … Une de nos grandes surprises a été de constater qu’ils imaginent une frontière très étanche entre vie professionnelle et vie personnelle, alors que la réalité tend plutôt à rapprocher ces deux mondes. »
Qui s’étonne que les jeunes veuillent séparer les vies pro et privées ? Pourquoi seraient-ils différents des plus anciens ? Le zapping n’empêche pas la séparation … Et la ‘réalité’ n’est-elle pas plutôt la pression des vendeurs d’outils de com ?
Vous aurez peut-être noté que les 3 projets présentés dans l’article sont des objets d’abord destinés à la séparation modulable !? L’application de la question « à quoi ça sert ? » au mobilier et aux espaces de travail mène immédiatement (outre « libérer son corps des efforts ») à « offrir l’ambiance requise pour le travail » et à son corollaire : ça dépend du travail à mener, dont une bonne partie se mène seul ! Et d’autres à 2, 3 …
Plusieurs missions Valeur(s) nous ont déjà donné l’occasion de vérifier l’intérêt d’offrir des conditions et donc des mobiliers et agencements de bureaux différents pour différents métiers et différentes activités, à exercer à différents moments !