Les sujets politiques ne sont pas courants dans les pages de V&M, depuis le « Manifeste pour plus de valeur(s) dans les décisions publiques » signé par 800 personnes en 2013 …
Et voici qu’en cette période de ‘coming-out’ de candidats à la présidence de la République française, un total outsider retient mon attention. D’abord parce que je connais Emmanuel Toniutti, co-auteur de Valeur(s) & Management … et que je suis partagé entre « Eeeh, mais je connais un candidat à la présidence ! » et « Mais que vient-il faire dans cette galère ?« .
Ensuite, je ne me souviens pas d’avoir jamais lu un programme présidentiel que je supporte de bout en bout, ce qui est le cas avec ce que je lis dans sa bio et son projet.
- « Construire une France humaniste, fraternelle et responsable pour nous et nos enfants »
- « L’humanisme ne consiste pas à nier la performance économique de toutes les entités publiques et privées qui créent de la richesse, mais il a pour devoir de faire en sorte que celle-ci ne puisse pas se faire au détriment du service de l’Être humain auquel ne peut pas se soustraire un État et la France en particulier »
- « Celui-ci s’inscrit, au contraire, dans la création de valeur partenariale c’est-à-dire d’un modèle social dans lequel la performance économique n’est pas le but mais la conséquence des relations fructueuses qu’entretiennent les parties prenantes concernées par ces enjeux dans un rapport gagnant-gagnant »
- « À ce jour, aucun homme ni aucune femme politique ne nous ont démontré leur attachement à un humanisme fraternel. Ils se contentent de définir des tactiques pour être réélus et profiter des privilèges du pouvoir… Le moment est venu, dans l’Histoire, de réaffirmer nos valeurs comme le socle inébranlable de toutes les visions et les stratégies à définir pour le futur… Au premier plan d’entre elles, la Fraternité qui nous permettra de retrouver un équilibre entre les individus. Il faut en prendre conscience : elle est le socle à partir duquel la Liberté et l’Égalité peuvent être concrètement mises en pratique »
- « la pensée ultralibérale, actuellement à l’œuvre dans la majorité des modèles d’affaires, nous incite à nous focaliser uniquement sur la création de valeurs de l’entreprise pour l’actionnaire … J’y oppose la création de valeur partenariale, en soutenant que le rôle économique et social d’une entreprise consiste à servir l’ensemble des parties prenantes qui la font vivre : les actionnaires, les clients, les collaborateurs, les fournisseurs et la société en général … le rôle économique et social d’une entreprise peut trouver son point d’équilibre s’il – et seulement s’il – existe une relation d’amour sincère entre les parties prenantes »
- « L’heure est à la réconciliation dans un but fondamental : se mettre au service de la France, au service des Françaises et des Français afin d’envisager un avenir économique, politique et social qui fasse vraiment sens »
- » Le Président a donc 3 fonctions essentielles : Il donne une vision claire du futur – Il est au service du gouvernement – Il est au service de tous les citoyens … »
- … voir plus sur le site
Notre alignement est quasi-parfait, comme le montrent les réactions d’autres co-auteurs de Valeur(s) & Management : André-Yves Portnoff, Cédric Berger… Notre « manifeste » allait tout à fait dans le même sens, et Emmanuel y ajoute une dimension « valeurs » évidemment fort à propos !
Si j’osais (allez, j’ose, dans un esprit participatif) je suggèrerai au candidat quelques compléments que je n’ai pas trouvé dans ces pages ?
- Le ‘rayonnement de la France’ est évidemment majeur, mais quid de la synergie avec les autres pays d’Europe et la richesse des différences culturelles et du respect des valeurs des autres ?
- La gouvernance du pays doit commencer par afficher des valeurs, et celles de ‘liberté, égalité, fraternité’ me conviennent tout à fait, en particulier si on met comme tu le fais la fraternité avant les autres (ou au moins au même niveau) ! Plutôt qu’un ‘contact permanent avec les citoyens’ ne faudrait-il pas mettre en place de réels moyens participatifs, où les parties prenantes concernées pourraient faire part de leurs souhaits de progrès, travailler ensemble à la définition de solutions possibles et choisir ensemble les meilleures ?
- Une proposition concrète, que j’ai déjà poussée ailleurs : changer les paroles de la Marseillaise, complètement en décalage avec lesdites valeurs !!!
- Un ‘socle humaniste commun‘ me semble indispensable à l’éducation en effet, incluant (enfin !) la ‘reconnaissance des émotions’. Ajoutons-y la maîtrise de celles-ci ? Et profitons-en pour mettre en évidence la limite des bases cartésiennes du raisonnement scientifique, empêchant la prise en compte des finalités, des valeurs, des émotions. Plaidons pour une approche systémique et sa déclinaison dans des méthodes permettant de compléter le raisonnement cartésien pour travailler le sens et les finalités en même temps que les causes ?
En conclusion, même si je ne suis pas sûr que la personnalisation dans une candidature présidentielle soit garante de crédibilité, ou que la candidature mène loin, je partage le point de vue d’Emmanuel, que j’aurais aimé retrouver dans le monde politique. Cette candidature ne pourra que pousser dans le sens auquel j’aspire … Je trouve la démarche très cohérente et courageuse. On voit d’ailleurs sur Facebook que le niveau d’opposition n’est pas forcément de la hauteur de vues que l’on souhaiterait … merci les trolls FB :/
Donc je la soutiens !