Maximiser sa valeur, la raison d’être de l’entreprise

Merci à Jean-Charles Simon (économiste, président de Stacian) de clarifier (un peu) les choses dans sa tribune « Maximiser sa valeur, la raison d’être de l’entreprise » sur Les Echos.fr :

« Les entreprises sont sommées de se doter d’une « raison d’être ». Une façon, pour les défenseurs de ce mouvement, de les rendre plus responsables. Mais pour Jean-Charles Simon, c’est surtout un moyen de les détourner de leur objectif naturel, qui est de maximiser leur valeur à long terme, et donc de dégager plus de richesses pour leurs actionnaires et pour la collectivité dans son ensemble. … » 

Eh oui, pour certaines entreprises, leur ‘raison d’être’ est bien de maximiser la valeur pour les actionnaires, sans se soucier du reste ! Je suis toujours un peu stupéfié de constater que l’égoïsme néo-libéral reste tant en vogue, « ça fait tellement XXe siècle », diraient mes enfants 😉 Mais pourquoi pas ? Evitons le jugement de valeurs …

Par contre, qui aurait « sommé les entreprises de se doter d’une raison d’être » ? Seules des ‘management fashion victims’ le croiraient. La loi Pacte le permet enfin en France : il me semble décent pour un dirigeant d’afficher et assumer son but quand on en a un, non ? Le contraire s’appelle de la manipulation. Et certains n’aiment pas…

Il semble tout aussi décent d’accepter que certains autres dirigeants d’entreprises réfléchissent à d’autres buts : enchanter ses clients, épanouir ses salariés, bâtir des vrais partenariats avec ses fournisseurs, respecter la nature, améliorer le sort de plus défavorisés, etc. 

« Nous n’avons pas les mêmes valeurs » n’est pas réservé à la publicité pour les rillettes ? Les clients, salariés, fournisseurs, investisseurs … choisiront leur entreprise selon les leurs.

Et dans tous les cas, comment enrichir ‘durablement’ (pardon à ceux que ce gros mot choqueraient …) les actionnaires sans satisfaire au minimum les clients, voire les salariés, les fournisseurs et l’Etat ? Pour l’environnement, la société, les autres ‘parties prenantes’ … on a (encore) le droit de détourner le regard et attendre le déluge.

Un dirigeant qui ne piloterait pas le niveau de satisfaction que vise l’entreprise pour chacune de ses parties prenantes me paraitrait bien léger … Demandez aux investisseurs : qu’en pense par exemple Larry Finck, patron de Blackrock ?

Pour ceux que cela intéresse, il est possible de définir une ‘raison d’être’ pour une entreprise qui n’ait pas l’air d’un coup de com’ ou de « blue washing » ! Et qui soit presque facile à décliner à tous les niveaux de son action, et mettre en oeuvre dans chaque décision.

Nous travaillons à un ouvrage collectif qui s’intitulera « Raison(s) d’être(s) : comment faire plus (de bien) avec moins (de biens) ensemble« . Basé sur de nombreux témoignages de dirigeants, managers, consultants qui ont déjà défini la ‘raison d’être’ de leur entreprise, projet, organisation, service … ce qui leur a permis d’être à la fois plus innovant, plus frugal et plus responsable (pour leurs actionnaires aussi ;-).

Tant pis pour ceux que ça n’intéresse pas …

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