Le magazine de référence des acheteurs Décisions Achats publie un article de confrères spécialistes du Lean pour promouvoir son utilisation dans le processus achats.
Très bonne idée ! Le Lean a démontré son efficacité pour limiter les temps en fabrication et les process tertiaires, nous l’avons noté dans plusieurs autres articles de ce blog.
Mais nous relevions aussi les limites du Lean : alors que son 1er principe est « comprendre le plus précisément possible ce qu’est la valeur du produit aux yeux du client« , (voir l’ouvrage de Radu Demetrescoux) bien peu de black belts le mettent en oeuvre.
Premier point d’achoppement : qui sont les ‘clients’ des Achats et quels sont leurs besoins ? Bien sûr, la production a besoin de composants et de performances QCDR – Qualité Coûts Délais Risques, afin de répondre aux besoins des clients de l’entreprise. Pour les achats indirects, idem, même si le lien avec la performance pour les clients finaux est moins simple et plutô les conditions de travail des employés. Mais aussi la Direction Financière, qui a besoin des Achats pour gérer la trésorerie. Les acheteurs ont besoin de conditions de travail, d’épanouissement professionnel … La R&D et le Marketing ont besoin d’innovations et de partenaires sur la chaîne de valeur aval. Et enfin les fournisseurs (sic!), qui ont besoin des Achats pour assurer leur survie à court et long terme… Il faut sûr de connaître leurs vrais besoins, pour ne pas couper là où c’est utile ! Il s’agit là d’assurer la création de valeur(s) par les Achats pour chacune de leurs parties prenantes !
Le lean, en dehors de la VOC – Voice Of the Customer pour recueillir les demandes (ce qui est déjà très bien !), ne propose malheureusement pas d’outil pour exprimer les vrais besoins … et souffre d’ailleurs trop souvent de mises en oeuvre maladroites, par manque de prise en compte, par exemple des besoins des opérateurs du processus.
De même, pas facile avec le seul lean de travailler en plus des temps sur les autres coûts et leviers d’excellence opérationnelle du processus Achats : quid des coûts en SI et autres équipements, des consommables des process (autre que les rebuts, traités comme muda) ? Qui de la contribution positive des achats à l’innovation par exemple, à la gestion de trésorerie …
D’autres méthodes d’expression de besoin ont fait leurs preuves : des méthodes Valeur(s) existent pour optimiser les processus ET les produits qui en sortent ET les conditions de travail des acteurs ET les impacts environnementaux et sociétaux …
Nous avons déjà souligné l’intérêt de mettre en synergie le lean avec différentes méthodes. Faire du Lean, oui, mais surtout en synergie avec la création de valeur(s) !