L’humain, ‘virus’ pandémique pour la planète ?

L’intérêt de cette période est qu’elle nous donne un peu de temps pour réfléchir en confinement (1). Je vous livre donc une ébauche de parallèle que je n’ai pu m’empêcher de faire entre la pandémie du coronavirus qui touche l’humanité et l’autre méga-sujet du jour : l’impact de l’homme sur la planète.

Ca va un peu loin, genre ‘sens de la vie’, pardonnez-moi d’avance (ou zappez), ça doit être la fièvre …

Tirée de Wikipedia, la courbe ci-dessus illustre l’augmentation de la population mondiale. Je la rapproche d’une autre courbe vue plus récemment dans le contexte de la pandémie actuelle … Celle-ci vient d’un cours de virologie de l’UCL :

Nous, humains sur terre, serions dans la partie exponentielle de la courbe. Evidemment, la comparaison est un peu hâtive, mais me laisse un goût amer : les humains semblent se développer sur terre comme un virus (ou une bactérie) dans la cellule qu’il infecte … Défaut de raisonnement ou univers ‘fractal’ ?

Comment se défendre d’un virus ?

Je tente de poursuivre le parallèle : comment se défend une cellule infectée contre un pathogène qui l’infecte ? Plusieurs mécanismes immunitaires entrent en jeu (d’après Wikipedia) :

  • la flore bactérienne ‘normale’ protège, souvent par concurrence, des micro-organismes pathogènes : sur terre, les autres vivants ?
  • les phagocytes, qui ‘ingèrent’ le pathogène et le ‘digèrent’ avec enzymes et molécules toxiques (dont l’O2 !) : sur terre, peu de prédateurs pour l’humain … mais des molécules toxiques et des pathogènes ?
  • la réaction inflammatoire, qui crée des douleurs et fait … augmenter la température : genre réchauffement climatique ?

Et si la planète avait un système immunitaire, quelle forme prendrait-il : un virus, non ?

Evidemment, le parallèle s’arrête là ! Pas question de considérer que la planète puisse être un être vivant ! Ou qu’un virus puisse être comparé à un humain !

Virus > homme > planète ?

Ou bien si ?! :-/

Comment un ‘système’ (un humain) pourrait-il connaitre le point de vue d’un autre ‘système’ de rang ‘supérieur’ (la planète et l’écosystème qu’elle porte, dont les humains) ou ‘inférieur’ (les virus, portés par un humain qui les englobe dans son écosystème) ? Ce serait comme si un Playmobil tentait de comprendre l’enfant qui joue avec lui …

Mais bon, après tout, je suis un des ‘pathogènes de la planète’ en question. Mon (notre) point de vue est forcément le seul valide, non ? Notre survie est la seule chose importante, non ? Ceci relève à mon avis de l’anthropocentrisme, mais qui nous en voudra ? Les virus, Dieu, la Pachamama, Gaïa, … ? J’ai un avis -je suis croyant-, mais en tous cas, les prochaines générations auront (ont !) un truc à nous dire : on fait quoi pour nos petits, qui commencent à s’apercevoir de la réaction immunitaire en cours ?

D’ailleurs, le virus qui infecte une cellule s’intéresse-t-il à la survie de son hôte ? A-t-il conscience de lui faire du mal ? Ou plutôt qu’il commence à lui faire du mal à un certain stade du développement de sa propre population. de récentes avancées scientifiques commencent à accorder une forme de conscience aux arbres, aux réseaux de champignons dans les forêts … Quid des virus ?!

Et alors : la vie ?

Bon, et alors ? J’ai bien envie que ces réflexions, non abouties, parcellaires et biaisées qu’elles fussent, m’éclairent sur l’étape suivante.

Le livre « à quoi ça sert ? » m’a permis de pousser l’exercice du raisonnement Valeur(s) sur la question : à quoi sert la vie ?

La réponse est différente selon qu’il s’agit de la vie (d’une personne) ou de La Vie (des être vivants). A quoi ‘sert’ la vie ? A transformer ce qui y entre en ce qui en sort :

  • transmettre le matériel génétique des parents aux enfants
  • transformer matières minérale (eau, air …) et organique (aliments) en matières organique (corps inanimé)
  • générer des œuvres et connaissances nouvelles à partir de matières et d’informations
  • générer des relations psychologiques (émotions) et spirituelles (amour) avec d’autres personnes

La priorité d’un de ces buts sur les autres est une question de choix, l’un ne pouvant pas être atteint isolément : les gênes et l’amour ne seront pas transmis sans assurer l’alimentation du corps … Et ça dépend des gens ! Pour vous, je ne sais pas, puisqu’il faut demander directement aux parties prenantes … Pour moi, je n’ai plus peur de la mort : les enfants, c’est fait ; mes biens iront à ma femme et mes enfants, ou seront redistribuées par l’Etat ou les banques ; j’ai demandé d’incinérer mon corps, qui engraissera des plantes, qui nourriront des être vivants ; vous lisez mes oeuvres, dont j’espère qu’elles feront avancer quelques uns ; je gère mes émotions, qui ne laisseront guère de traces … Reste le spirituel, qui dépasse les autres dimensions, qui le permettent.

L’autre question encore plus cruciale est « à qui sert la vie ? » : à celui qui vit ? C’est un peu court, jeune homme. Plutôt à la création de valeur(s) pour chacune de ses ‘parties prenantes’, les personnes à qui chacun ‘sert’ : femme, enfants, parents, amis, relations professionnelles, sociales … auxquels certains ajoutent de plus démunis, co-religionnaires, … Dieu ?

A quoi sert votre vie pour chacun d’entre eux ? Demandez-leur.

A mon avis, nous sommes sur terre pour apprendre à nous aimer les uns les autres. Et Dieu sait que ce n’est pas toujours simple !

Et alors : la Vie ?

Mais, aussi importante soit-elle à mes yeux -et aux vôtres ?- ma vie n’est qu’une minuscule étape de la Vie. Celle-ci suit une évolution, une direction, un ‘sens’ :

quarks > atomes > molécules minérales > organiques > être vivants d’abord virus (sic !) et bactéries > unicellulaires > pluricellulaires > chaînes alimentaires > symbioses > écosystèmes > …

Elle semble (de notre point de vue !) culminer dans l’humain, être social qui survit grâce à des groupes sociaux, de plus en plus grands : clans, pays, entreprises, religions … A côté du ‘struggle for life’ qui pousse vers la spécialisation et la compétition, la vie évolue manifestement aussi (encore plus ?) vers plus de collaboration, d’échange, de partage, de relations, de complexité … Avec à chaque nouveau niveau de collaboration l’émergence de propriétés ‘systémiques’ nouvelles : les propriétés de l’eau, base de la vie, n’existent pas chez les atomes d’oxygène et d’hydrogène, grâce à leur différence et au partage de leurs électrons, ce qui les prive aussi de liberté !

Il semble heureusement que l’évolution ne s’arrêtera pas avec la pandémie actuelle (2) … S’achève-t-elle avec les humains d’aujourd’hui ? Ce serait présomptueux de le croire. Quelle est la prochaine étape ? Sans doute une coopération beaucoup plus forte et étroite entre humains, sans doute grâce ou avec la technologie, où ceux-ci perdraient de leur liberté en mettant en commun certains de leurs avoir / savoir / faire / être, pour générer des ensembles plus grands, d’où émergeront de nouvelles propriétés, qui sembleront sûrement incompréhensibles et inacceptables aux humains ‘resté libres’ ? Cette catastrophe annonce-t-elle la fin d’une ère de libre compétition : certains (même des banquiers !?) l’annoncent.

Et si ces super-systèmes existaient déjà, au moins à l’état d’ébauches ? L’Humanité, Dieu, l’Amour, les multinationales, l’Europe, la Nature, le Grand Tout … Ils n’empêcheront pas les humains ‘isolés’ d’exister, comme les humains tolèrent -et en même temps ne peuvent survivre sans- les virus d’où ils procèdent et parfois meurent.

Evidemment, ils se peut aussi que nous mourrions tous, que l’intelligence artificielle nous élimine, que le transhumanisme crée autre chose que l’humain actuel, que l’humanité envahisse le cosmos (d’autre cellules à infecter par le virus humain), que nous y rencontrions d’autres formes de vie … Mais bon.

Pour l’heure, ai-je envie de participer à un système ‘supérieur’ ? Auquel ? Au fond, ça revient à se demander quel but donner à sa vie pour élever la Vie ? Moi, j’ai choisi.

Comment ça va se concrétiser dans les mois à venir ? C’est moins clair pour moi. Il nous reste quelques semaines à faire le confinement (1).

(1) en 1 seul mot, hein ;-)
(2) Sans cynisme aucun et avec toute la compassion possible du chrétien que je suis

2 commentaires


  1. Question : alors qu’il est légitime, pour l’homme, d’assigner un But, une finalité, une raison d’être à tout système artificiel qu’il a engendré (machine, produit, organisation), quelle est sa légitimité à en assigner un à un système qu’il n’a ni engendré, ni conçu et dont il n’est individuellement et collectivement qu’un petit composant, éventuellement mineur, certainement pas indispensable au fonctionnement pérenne du tout ?
    Il y a là, il me semble, une faille méthodologique, que dis-je, un méat, une béance…
    Tout homme est en revanche légitime pour assigner un but à sa propre vie, but qui peut être purement individuel, voire individualiste, ou partagé, comme une croyance religieuse.
    Mais c’est très différend de donner un sens, le sien, à sa vie, individuelle, que de se risquer à parler Du Sens de La Vie… ce qui revient en fait à assigner un sens à l’existence et au fonctionnement de l’univers tout entier, pas moins.
    C’est admirable je trouve, vraiment admirable que la petite mouche que nous sommes se pique d’assigner un sens à la viande faisandée où elle est née, à la cuisine où elle bourdonne et l’arbre, au bout de ciel bleu et au rayon de soleil qu’elle entraperçoit à travers la fenêtre fermée, sous forme d’image décomposée par les facettes de ses yeux.
    Quel hubris admirable, et quelle prétention ridicule à la fois…!
    Ne pourrait-il pas se contenter de se fixer un but à soi, sans plus, fut-il aussi ambitieux et inatteignable que celui d’aimer les autres mouches, comme le suggère l’auteur ?
    Reconnaître son insignifiance (manque de sens) et ses limites (incapacités cognitives) en tant qu’espèce fugace comme en tant qu’individu éphémère, ne serait-ce pas le début de la sagesse ?
    A partir de là, les réponses que tentent d’apporter les différentes croyances, feligions, philosophies, chacune à sa façon, à notre angoisse existentielle ne peuvent plus être vues que pour ce qu’elles sont : des poires d’angoisse, des béquilles célestes, des châteaux de cartes…

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    1. J’ai encore une fois l’impression que nous sommes d’accord sur bien des choses ! A part la résignation à notre condition de mortel ?

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