Notre confrère Laurent Cachalou, conseil en innovation publie sur son blog « Innover Malin » un exemple de ce qu’on peut faire avec la méthode TRIZ : un industriel souhaite diviser par 10 le coût d’un treuil de remorquage de 4×4. Lisez son article pour voir comment TRIZ l’aide à relever cet ambitieux chalenge !
Ca m’a donné envie de montrer comment le Value(s) Design pourrait nous aider sur ce sujet 🙂
Appliquons donc nos 2 questions et 1 principe pour re-devenir innovant, frugal et responsable.
« A quoi sert le treuil ? » :
Travaillons avec les parties prenantes qui connaissent les besoins : conducteurs de 4×4 expérimentés dans les situations extrêmes, préparateurs de voitures de rallye, garagistes, …
Leur réponse : « à treuiller … ». Bon, en échangeant un peu avec eux, nous finirons par une expression plus orthodoxe comme « à tracter la voiture à partir d’un point fixe extérieur (arbre, pieu …), malgré les pneus qui n’adhèrent plus au sol glissant ».
« Que suffit-il ? »
Travaillons avec les parties prenantes qui connaissent les solutions pour cela : ingénieurs mécaniciens automobiles, mais aussi grutiers, paysans, moto-cross … qui ont le même type de besoin.
Ce qui suffit pour tracter la voiture sur un point d’accroche extérieur : une source d’énergie + un lien.
Nous disposons en réalité de plusieurs types d’énergie embarquée :
- la batterie, certes, mais elle suppose en plus un moteur électrique, ce qui rend le tout coûteux
- mais évidemment aussi le moteur et la chaine de transmission, qui sont inopérants sur le sol glissant
- voire les muscles des passagers : un treuil manuel rangé dans le coffre devrait suffire, si le temps de la manoeuvre n’est pas limité.
La source d’énergie la plus adaptée est probablement le moteur, mais le patinage des pneus sur le sol la rend inopérante.
Que suffirait-il pour redonner de l’adhérence à la roue ? On peut explorer toutes les solutions ‘classiques’ : plaques adhérentes entre la roue et le sol, ‘chenille’ ajoutée à la roue (solution issue des tracteurs), pneu dégonflé (solution issue du motocross) …
Que suffirait-il pour relier l’énergie disponible au moteur au point fixe extérieur ? Un câble fait l’affaire. Comment le solidariser aux roues ?
- Créer un autre axe mécanique, comme sur les tracteurs ?
- Une sangle large ou une chenille glissée autour ou sous les roues ?
- Enlever un pneu et utiliser la jante ?
- Remplacer une roue par un axe de treuil ?
- Attacher un axe de treuil à la roue ? Cette dernière solution correspond au ‘Bush Winch’ présenté dans l’exemple : CQFD.
Qu’apporte de plus le Value(s) Design ?
On voit que le questionnement systématique du Value(s) Design « que suffit-il ? » / « à quoi ça sert ? » suffit à générer l’idée présentée, et bien d’autres ! Il n’est pas nécessaire ici de recourir à l’analyse interne de la solution ‘treuil’, ou à une batterie d’outil TRIZ.
Reste que le système d’accroche du ‘bush winch’ aux boulons de la roue ne paraît pas très simple ? Que suffirait – il pour accrocher l’axe de treuil à la roue ? Une ‘pince’ engagée dans les branches de la jante, ou serrée autour du pneu, devrait suffire ?
Dans la recherche de solutions, il est indispensable de lister l’ensemble des étapes du cycle de vie pour lesquelles des services doivent être rendus : ici, le treuillage correspond à l’utilisation, mais la solution optimale devra absolument répondre aux besoins de « faciliter l’installation » et « limiter l’encombrement au rangement », …
Merci à Laurent Cachalou pour cet exemple, que j’utiliserai sûrement (avec sa permission) dans de prochaines formations au Value(s) Design 😉
A votre avis : « Que suffit-il ? »
Profitons de ce post pour annoncer le démarrage d’un nouvel ouvrage : intitulé « Que suffit-il ? », il présentera des dizaines d’exemples d’applications du Value(s) Design rencontrés pendant mes 20 ans d’expérience comme Value(s) Designer. Je prévois de les présenter à travers un article par semaine, appuyé par une courte vidéo où je raconterai l’histoire : certaines le méritent vraiment !
Et comme il paraît que c’est mieux de travailler avec les parties prenantes pour vérifier ce qui suffit pour répondre à leur vrai besoin 😉 je ferai bientôt un sondage pour connaître vos préférences parmi les dizaines d’exemples dont je dispose …
Permaliens
Cela à l’air simple en te lisant Olaf, mais concernant l’aspect pratique (et si j’ai bien compris) lorsqu’un acteur A à besoin du point de vue d’acteurs B, C….ayant le même type de problématique à résoudre mais appartenant à d’autres entreprises, comment obtient-il leur participation en dépit du fait qu’ils n’ont aucun lien ? La question de ce que B, C…ont à y gagner ne se pose t-elle pas ?
C’est déjà difficile à obtenir entre silos dans certaines entreprises alors avec des entreprises inconnues !…
Permaliens
Eh bien je n’ai jamais eu de souci … les entreprises sollicitées étant dans des domaines très différents, les acteurs sont plutôt positivement étonnés par ces requêtes 🙂 voir exemple du pot d’échappement et du luthier https://urlz.fr/elVI
Même chose quand un acheteur demande à un fournisseur ce qu’il peut faire pour lui : la première surprise passée, le fournisseur teste la confiance, et si elle est vérifiée est souvent enchanté d’un dialogue constructif (même s’il comprend que l’échange doit être réciproque !) voir la vidéo de l’unité de levage https://urlz.fr/elVL