Vous avez peut-être noté l’image qui illustre le blog et le groupe LinkedIn Valeur(s) & Management depuis leur démarrage ? C’est un remake de « la grande vague de Kanagawa » de Hokusaï. Pour quoi l’avoir choisi ?
D’abord pour son esthétique extraordinaire : l’estampe originale est un chef d’oeuvre inégalé. Et l’artiste qui l’a transformée (mais qui ?) et a partagé sur le net en Communs License la version que j’utilise l’a à mon avis encore améliorée : la couleur bleue de la mer reprise pour le ciel ajoute à sa beauté. Et l’élimination des bateaux en perdition (?) en ôte le caractère catastrophique.
Une autre version (il y en a des milliers, ce qui était prévu par l’artiste puisque c’est une lithographie !) qui garde cet aspect est celle vue cet été à l’aquarium de Monterey en Californie : l’aspect est le même, mais il s’agit d’un collage sur 4*3 m réalisé à partir de … déchets récoltés sur les plages du Pacifique :-/
Deuxième but : illustrer la ‘vague’ de méthodes qui s’inspirent du raisonnement Valeur(s) , tiré de l’approche ‘système’.
- Depuis que j’ai appris il y a presque 20 ans à utiliser ce raisonnement et les outils qui le facilitent, je sens comme les autres spécialistes qu’il s’agit non pas d’un autre kit-miracle issu du marketing d’un cabinet de conseil, mais d’une autre forme de raisonnement … universel. La première ébauche de l’ouvrage « à quoi ça sert ? » publié en 2015 date d’ailleurs de … 2003.
- La méthode d’analyse de la valeur, enseignée et utilisée en France depuis les années ’60, a été « inventée » par Lawrence Delanoë Miles, ingénieur aux Achats de General Electric il y a 70 ans cette année !
- L’approche ‘système’ remonte aux travaux de Ludwig Von Bertalanffy dans les années ’30. Jean-Louis Le Moigne a publié « la théorie du système général » en 1977.
- Plus d’une centaine de méthodes ont été recensées ces dernières années, qui s’inspirent de ce raisonnement, en s’appuyant d’abord sur la notion d’utilité et de but, sur le dialogue respectueux avec les personnes, pour améliorer des solutions et économiser des moyens. Faire mieux, pour chacun, avec moins.
- L’ouvrage collectif « Valeur(s) & Management » qui présente une vingtaine de ces méthodes Valeur(s) a été préfacé par Joël de Rosnay, prospectiviste, précurseur de la systémique, et auteur de « Surfer la vie – vers une société fluide« . Ce précurseur continue d’être 30 ans en avance sur tout le monde …
Nos lecteurs le savent, nous suivons régulièrement dans ces pages l’actualité sur ce thème de la ‘création de valeur(s)’, pour proposer aux intéressés de nouvelles démonstrations de l’efficacité de ce raisonnement et des synergies avec « des gens qui pensent comme ça ».
Et ce matin, l’algorithme de LinkedIn propose pas moins de 7 liens vers des publication Valeur(s) ! Les voici, sur des thèmes allant du bien-être au du sens au travail, la vente, la conception de produits, la conception de SI décisionnels … :
- « Le management par les valeurs : mode d’emploi » par Caroline Bouteiller, PMO chez BNP Paribas, relayé par Nicolas Bignier de Axessio. Elle pointe les limites du management ‘par les règles‘ : « tous ces outils ont été conçus pour aider le manager à assumer sa principale contribution : prescrire ce qui doit être fait par ses collaborateurs et contrôler le respect des consignes … relativement inefficaces dans un monde en perpétuel changement … renforcent le cloisonnement« . Et plaide pour « Les bénéfices du management par la valeur …En effet, les valeurs permettent aux entreprises de :
- donner du sens à l’action et orienter l’engagement
- renforcer la cohésion
- structurer les modes de collaboration par l’adoption d’une ligne de conduite partagée par tous les acteurs de l’entreprise
- gérer la complexité de l’organisation et la diversité des situations «
Dommage, l’auteur écrit aussi « Il est conseillé de ne pas dépasser plus de 5 valeurs » : la prescription n’est-elle pas contradictoire avec le message de fond ? D’autre part, il me semble que les valeurs ne soient pas un but, et qu’il vaille mieux manager AVEC des valeurs que PAR les valeurs ?
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« Parmi la communauté OurCompany , c’est à la MAIF que le niveau de bien être est le plus élevé ! » « OurCompany est une application toute simple pour permettre aux salarié·e·s d’améliorer leur niveau de bien être en moins de trois minutes par jour » à travers l’expression par les salariés de leurs émotions et l’évaluation de la qualité des relations entre les gens, ainsi que la partage d’idées pour faire mieux avec moins de stress. Biens sûr applaudi par la génération Y et ironisé par d’autres : « Stop à la tyrannie du bonheur » « Oui, bien sûr, au pays des bisounours » …
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« Le « job to be done » … ou comment remplacer un produit par un service » par Jérôme Barthélemy, Professeur à l’ESSEC et auteur de « Libérer la compétitivité« , qui reprend la thèse de Clayton Christensen (déjà présentée dans ces pages) appliquée par Hilti pour remplacer la vente de produits par celle des services associés. Redécouverte de l’économie de la fonctionnalité, et de l’analyse de la valeur : pourquoi vendre une perceuse, sinon pour permettre à quelqu’un de faire des trous dans les murs ?… Ce qui permet de changer de business model pour vendre aux pros du bâtiment la disponibilité d’outils ad hoc. Le même raisonnement qui a amené Michelin à vendre du ‘km roulé’ au lieu de pneus. Et à offrir des cours d’éco-conduite aux chauffeurs de ses clients pour limiter la maintenance. Et développer des pneus plus costauds, à rechaper moins souvent. Et des pneus réduisant la consommation : mais il s’avère plus difficile de ‘vendre’ aussi l’économie de carburant …
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« Retrouver l’intelligence du travail » par Frédéric Rochet, Directeur Général d’une ESS (entreprise solidaire et sociale) qui applaudit l’engouement pour le bonheur au travail, mais souligne que l’enjeu du travail n’est pas tant le bonheur que celui du sens, pas tant le plaisir que celui de l’intelligence. « L’intérêt intrinsèque d’un travail ne garantit pas son sens et son humanisation ne garantit point celle des finalités. » (André Gorz, Métamorphoses du travail). … Retrouver l’intelligence de son travail, c’est à dire être capable de lui donner du sens, s’enracine dans le sentiment d’être utile et s’articule autour de deux questions fondamentales : A quoi ça sert ? A quoi je sers ? » Rien à ajouter, sinon, qu’il est temps de s’entraîner à utiliser ce raisonnement …
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« Ce que veut dire aimer dans l’entreprise » par Loïc Roche, Directeur Général de GEM – Grenoble Ecole de Management & Président du Chapitre des écoles de management (Conférence des Grandes Écoles) qui convoque André Malraux : « [Les Dieux] avaient pensé avec quelque raison qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir. » pour proposer aux managers de « … construire des lignes de vie, donner du sens, des signes de reconnaissance, de l’espoir. Il peut faire son métier. Ce qui est bien. Mieux, il peut aimer les hommes et les femmes qu’il dirige ». Et en effet peu d’auteurs ont mieux illustré cela qu’Antoine de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux… C’est le temps que tu as perdu [je préfère pour la suite dire « prendre » plutôt que « perdre »] pour ta rose qui fait ta rose si importante » (nos lecteurs connaissent certaines autres citations de St Ex). Et si l’on formait les futurs managers à la « création de Valeur(s) » ? Créer de la valeur pour chacune des parties prenantes dans le respect de leurs valeurs. Faire du bien, mieux, avec moins. C’est déjà en route à GEM : dans le Master Achats (sic!). dans la Chaire Mindfulness … à quand un MBA Valeur(s) ?
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« The best sales advice I ever got was from a surfer dude » par Kevin Catlin de Insight Strategies, qui raconte comment un surfeur (sic !), le meilleur vendeur qu’il ait croisé, lui a avoué « je ne vends pas ! » : “I don’t sell” he said, “I just took my father’s advice and find out what people want, what they love about hiking or the outdoors, what their interests are, then I show’em things that work for what they want.” Il en tire une leçon : on ne convainc pas quelqu’un d’une idée ou d’une chose, on lui fait plutôt prendre conscience de ses besoins…
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« Conférence / Débat ADELI » l’association ADELI – explorateurs des espaces numériques organise une rencontre (conférence / débat) animée par Sabine BOHNKE et Djemil CHAFAÏ autour de ©Semsimo : « une plate-forme d’aide à la décision qui permet la mise en place d’une démarche collaborative de pilotage par la valeur des Systèmes d’information. Elle organise et régule la contribution active des parties prenantes à la construction d’une vision partagée des problématiques d’évolution et permet également d’interroger, via une modélisation du système décisionnel, les liens de sens entre objets manipulés par les décisions afin de mieux diriger les choix de l’entreprise.«
Il devient manifeste que l’approche système a percolé dans la société, malgré la résistance du raisonnement cartésien, si efficace pour le progrès mais si inopérant pour donner du sens aux choses pour les gens, depuis que Descartes l’a proposé justement pour « bien conduire sa raison » sans risquer de problèmes avec les ‘autorités spirituelles’ d’alors … (relire le « Discours de la Méthode« )
J’espère que le flux de méthodes et d’expérimentations Valeur(s) va se tarir, histoire que je puisse travailler pour mes clients, lancer en taille réelle l’enquête « création de valeur(s) par les Achats » et développer les « Ateliers du (bon) sens » testés depuis peu …
pour apprendre aux autres à surfer la Vague …
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